Rappels sur les humeurs selon l'Ayurvéda, notions d'aggravation et de maladie selon l'Ayurvéda, concept d'immunité selon l'Ayurvéda
1-Rappels sur les humeurs selon l’ĀyurvedaEtymologie Sanskrite – les constituants des humeursLe concept des humeurs est fondé sur la science des 5 états de la matière (panchabhutani). La traduction sanskrite de bhuta est « état de la matière » et non pas « élément ».
Hippocrate parlait déjà des humeurs, mais il s’appuyait, pour les déterminer sur la notion de guna, ce qui signifie « qualité » en Sanskrit.
Pour le précurseur de la médecine occidentale, le chaud et le froid, le sec et l’humide sont des qualités (guna) et ont servi à déterminer les 4 principaux tempéraments, que l’on a appelé, tempéraments d’Hippocrate :
Le bileux, le sanguin, le lymphatique et le nerveux.
Pour l’Ayurvéda, s’appuyer sur les bhutani (les états de la matière) revient à considérer les 5 constituants des doshas (humeurs), non pas comme des éléments (terre, eau, feu, air et espace), mais comme des niveaux de densités, ayant des propriétés spécifiques.
Ainsi, kaphadosha (traduite par humeur du flegme) est constituée en réalité des 2 états : solide et liquide (et non pas élément terre et eau).
Kaphadosha présente à la fois la solidité et la liquidité, c’est-à-dire à la fois présentant une certaine consistance et aussi un peu de mobilité.
La présente de l’humeur de l’eau chez l’humain se traduit par une consistance du corps physique et une relative* mobilité (fluidité).
*Par contraste, la mobilité de l’air est beaucoup plus grande.
Exemple concret – les manifestations des humeursSi cela vous parait un peu abstrait, il est aisé de réaliser combien un excès de flegme tel qu’un rhume, se traduit par une sensation de lourdeur, de fatigue, de lenteur et que les thérapies basées sur la chaleur et la légèreté seront efficaces (sauna et aromathérapie par les huiles essentielles, par exemple).
On peut transposer cette idée sur les saisons : en plein hiver avec la neige, les routes sont congestionnées, l’eau s’est densifiée par le froid sous forme de neige (phénomène kaphagénique) et on assiste à une présence plus grande de la stabilité de l’eau, ce qui se traduit par une lenteur de la circulation des voitures.
Dès que la chaleur augmente, l’eau se liquéfie et la circulation devient plus fluide, comme les voies respiratoires d’une personne enrhumée.
L’humeur du feu (pittadosha) est la combinaison de la qualité liquide et de la chaleur (plus signifiant que combinaison eau et feu).
L’humeur de l’air (vatadosha) combine la mobilité et le contenant subtil (ce qui a plus de sens que de dire que vata c’est l’air plus l’éther).
Toutes les applications thérapeutiques selon l’Ayurveda vont partir de ces précisions ci-dessus.
La clinique ancestrale est plus fiable si nous étudions l’Ayurveda selon le Sanskrit traditionnel, plutôt qu’en s’appuyant sur des traductions approximatives, bien souvent anglaises, puis traduites de l’Anglais en Français.
Mais le propos de cet article n’est pas de travailler sur l’étymologie comparée.
2-Notions d’aggravation et de maladie selon l’ĀyurvedaDosha en Sanskrit est défini par obscurci, altère – mais aussi répare.En partant des qualités des états de la matière, nous pouvons mieux comprendre comment dosha est à la fois ce qui produit la maladie et ce qui guérit. (Le froid crée la congestion, mais peut aussi apaiser l’inflammation – le chaud fluidifie le flegme, mais peut créer l’ulcère)
Bien qu’il existe 6 étapes dans la manifestation des maladies, nous pouvons déjà retenir que c’est dans l’aggravation de l’humeur qu’un stade est franchi dans le déséquilibre de l’homéostasie. Il ne faut pas beaucoup de conditions ensuite pour que les toxines (ama) se mélangent à cette humeur en aggravation et vient ensuite manifester des déséquilibres plus grands, que l’on appelle maladie.
L’infini diversité des pathologies manifestées, selon la médecine Ayurvédique, provient :
1- Du niveau de stades franchis : accumulation, aggravation, débordement, déplacement, réimplantation et diversification
2- Du nombre d’humeurs impliquées
3- De la quantité de toxines présentes dans le corps
4- De l’état du feu digestif
Comme cette science millénaire de l’Ayurveda est très vaste, retenons les 4 indicateurs présentés ci-dessus comme suffisamment fiables pour élaborer une stratégie clinique efficace afin de retrouver la bonne santé.
Points 1- & 2- Stades franchis et humeurs impliquées Quand une humeur augmente, nous pouvons la réduire avec des qualités opposées. Les qualités des bhutani (cf. plus haut) sont des gunas (il en existe une vingtaine).
Le chaud réduit le froid, le sec réduit l’humide, etc. …
Points 3- & 4- Toxines (Ama) et Feu digestif (Agni)Ces deux facteurs sont diamétralement opposés : quand l’un augmente, l’autre diminue. Un certain nombre de mesures vont nous aider à diminuer ama et à augmenter agni.
3-Concept d’immunité selon l’ĀyurvedaNous venons de voir concrètement qu’il existe 4 indicateurs permettant de traiter la plupart des pathologies.
Le rôle du praticien Ayurvédique est de déterminer le terrain de la personne sur la base des humeurs et de leurs niveaux. Deux éléments seront pris en compte :
La prakriti. Elle correspond à la nature humorale de base de la personne
La vikriti. Elle est la dérive par rapport à cette nature constitutionnelle de base.
Ensuite, le niveau d’intoxication du corps sera évalué (quantité de ama) et le niveau du feu digestif (type de agni).
Il existe 3 niveaux de ama en fonction de leur association avec les doshas et 4 niveaux de agni : bas, trop haut, variable et équilibré (respectivement : manda, tikśna, viśama et śamana)
Dans le cadre de la consultation Ayurvédique complète, une multitude de facteurs seront analysés de façon complémentaire à l’analyse constitutionnelle : appétit, énergie, sommeil, selles, activités, hygiène de vie, alimentation, etc….
À la suite de ces examens, la prise de pouls et d’autres éléments observés serviront à établir la meilleure stratégie de retour à un état de santé optimal.
Et l’immunité dans tout ça La stratégie de renforcement de l’immunité sera basée sur la connaissance précise du tempérament de la personne, issu des éléments analysés préalablement.
D’une manière générale, voici les principaux moyens tridoshiques (concerne les 3 humeurs) de renforcer l’immunité :
- Adapter son alimentation à son profil constitutionnel – concerne aussi bien les type d’aliments choisis, que la manière de les préparer, de les associer, de les cuire ou non, l’usage du ghee : aller au-delà du frais, bio, de saison – l’adaptation à la personne est le fondement de l’équilibre des humeurs
- Activer son métabolisme avec des épices ou des plantes contenant des enzymes digestives et ces mêmes épices ou plantes seront en conformité avec le terrain de la personne et prises à des heures spécifiques
- Un ensemble de règles et de choix d’hydratation du corps seront à étudier : les types d’eau : filtration et /ou distillation, information par des yantras, les types de plantes à associer et leur mode d’infusion, d’heure de prise, etc. …
- La mise en place d’une phytothérapie préventive et curative à base de plantes régénérantes ou de mélanges de plantes – afin d’accroître bala (la force) : chyavanaprasam, brahmarasayanam, ashwagandha, shatavari, tulsi, centella asiatica, … Il sera nécessaire de définir à quel moment (dans la journée, dans la saison) ces plantes, confitures ou mélanges seront les plus adéquats pour la personne, et de définir aussi la durée de la cure.
- Toutes les techniques de rééquilibrage du corps et de l’esprit par le Yoga (incluant mantras, asanas & pranayamas adaptés, et bien-sûr les types de méditations [dharana]) – Taï Chi et autres techniques énergétiques seront à ajuster au cas par cas, car ce qui sera bon pour une personne sera inadapté et improductif pour une autre personne. Ce sera la même chose pour les sports, arts martiaux, etc. …, qui devront être adaptés au cas par cas. La course à pied peut être très indiquée pour une personne et surtout pas pour une autre (vata aggravé, par exemple)
- La « prescription » de la sieste pourra être utile pour une personne qui présente par exemple des troubles vata/pitta. L’équilibre entre l’activité et le repos est donc étudié au cas par cas.
Par ces propositions adaptées au tempérament de la personne, les changements positifs qui adviendront (réduction des symptômes, meilleure vitalité) offriront à la personne qui désire suivre cette orientation ayurvédique personnalisée, une immunité fortement renforcée : qu’elle soit physique ou mentale.
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La conclusion que je propose pourrait s’appuyer sur les derniers mots prononcés par Pasteur avant sa mort : « Le terrain est tout, le microbe n’est rien ».
Ce qui a été retenu de ses travaux actuellement n’est pas cette phrase ci-dessus, alors qu’elle résume tout ce que les médecines traditionnelles ont découvert depuis des millénaires. L’Ayurvéda fait partie de ces véritables sciences, actuellement valide et reconnue par l’OMS, qui continue de démontrer que la prise en charge du terrain de la personne suffit à protéger de toute la microbiologie extérieure qui serait dangereuse pour notre organisme.
Notre immunité vient d’un bon équilibre de nos humeurs, et les « microbes » auront du mal à se développer sur un terrain stable, fort et stimulé par la nature, ses éléments, le soleil et des plantes adaptogènes.
Le simple fait de respirer en conscience 5 minutes par jour à l’air libre apporte le prana que le mode de vie actuel tente de nous priver. Le mot Sanskrit « prana » est la même racine que premier, primordiale, préambule, prioritaire, …
Sachons reconnaitre la priorité des priorités.
Plus le bon prana augmente, plus l’activité discordante du mental diminue.Mais ce sera le sujet d’un autre article.
Article rédigé par Philippe FRADIN
Formateur en massage ayurvédique
Praticien en Ayurveda, professeur de Yoga, formateur en Yoga & Ayurvéda, psychanalyste en Rêve Éveillé
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