Avec ses températures froides et son humidité, l’hiver est une saison qui met notre peau à rude épreuve. C’est l’occasion de s’interroger sur le soin que nous apportons à cet organe qui est, rappelons-le, vital et vivant.
Une peau en mauvaise santé devient perméable. Nous devenons alors nous-même perméables au monde extérieur, sans limite entre tout ce qui compose notre milieu intérieur, et tout ce qui compose le milieu extérieur.
En plus d’être économique, créer ses propres cosmétiques devient une routine évidente dès lors qu’on entame une réflexion globale sur sa santé.
Inutile de multiplier les ingrédients : une partie d’entre eux se trouvent dans notre cuisine !
Pour comprendre l’intérêt des cosmétiques maison, commençons par rappeler la structure et les missions de la peau.
Avec ses 4kg de moyenne, la peau est le plus lourd de nos organes. Ce revêtement de quelques millimètres d’épaisseur se compose de 3 couches : l’épiderme, le derme et l’hypoderme.
Cette couche assure une protection mécanique en nous isolant et en nous protégeant de l’extérieur. La couche la plus superficielle, appelée couche cornée, est composée de cellules mortes et d’une grande quantité de kératine ainsi que de la mélanine.
La kératine produite par des cellules spécialisées, les kératinocytes, rend notre peau étanche. La mélanine est un pigment produit par d’autres cellules spécialisées, les mélanocytes, qui protège notre peau des UV. Selon l’abondance de ce pigment, qui dépend directement de l’exposition solaire, notre peau sera plus ou moins foncée.
Un film hydrolipidique recouvre la couche cornée. Ce mélange de sueur et de sébum lubrifie et imperméabilise la peau. C’est également là que fleurit le microbiote cutané, ensemble de bactéries, champignons, virus et acariens vivant en symbiose avec notre peau. En occupant la place, ce microbiote inoffensif limite l’installation ou le développement de pathogène.
Le derme forme notre cuir. C’est dans cette couche que nagent les fibres de collagènes responsables de la fermeté de la peau et les fibres élastiques qui lui confèrent souplesse, résistance et élasticité. S’y trouvent aussi les glandes sudoripares et sébacées qui composeront notre film hydrolipidique, les follicules pileux, les vaisseaux sanguins et lymphatiques, ainsi que les fibres nerveuses.
Les différentes productions de cette couche, métabolisées par le microbiote cutané, participent à l’élaboration de notre odeur corporelle individuelle.
Cette couche, la plus profonde de la peau, est riche en adipocytes, cellules spécialisées dans le stockage des lipides. A la fois isolant et réservoir énergétique, ces adipocytes sont indispensables en hiver !
Chez la femme, comme chez l’homme, une partie de la transformation des androgènes en oestrogènes se situe dans les adipocytes. Enfin, les adipocytes jouent un rôle très important dans la régulation de l'appétit et de la satiété.
Avant même de parler de cosmétiques, des gestes simples peuvent être mis en place pour prendre soin de sa peau.
L’alimentation reste la première façon d’agir : un bon ratio w3/w6, des vitamines, en particulier A, B, C, et E, des minéraux, des oligo-éléments comme le zinc et le sélénium, et de l’eau en quantité suffisante.
Quittons la cuisine, direction la salle de bain où nous agirons avec les cosmétiques.
Le règlement (CE) 1223/2009 donne la définition suivante : «produit cosmétique», toute substance ou tout mélange destiné à être mis en contact avec les parties superficielles du corps humain (épiderme, systèmes pileux et capillaire, ongles, lèvres et organes génitaux externes) ou avec les dents et les muqueuses buccales en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles.
Nous pourrons tout d’abord composer nos cosmétiques pour la toilette. Le film hydrolipidique et le microbiote cutané mettent jusqu’à 7j pour se régénérer, 7j pendant lesquels nous seront vulnérables si nous nous lavons trop fréquemment ou de façon trop agressive.
En alternance avec un savon saponifié à froid (fait maison !), il est possible d’utiliser un mélange de marc de café, de farine de pois chiche et de farine de riz. Pour améliorer l’aspect et l’odeur de la préparation, des fleurs de lavande ou de lavandin, ou de la poudre de feuille de laurier noble peuvent être ajoutées. Cette préparation à humidifier sous la douche nettoie les saletés et élimine les cellules mortes tout en préservant l’intégrité du film hydrolipidique et du microbiote.
Après la douche, une huile végétale peut suffire, dès lors qu’elle est choisie de façon adaptée à notre peau. Au fil des saisons, les besoins de notre peau pourront varier : gardons l’œil attentif ! En hiver, il sera possible d’y ajouter de la cire d’abeille, à raison de 10 à 15% du poids total, pour réaliser un baume qui isolera davantage la peau.
Et pourquoi ne pas réaliser un baume à partir de macérâts huileux maison ? Par exemple un mélange de macérâts huileux de millepertuis (Hypericum perforatum), de lavande (Lavandula angustifolia) et de calendula (Calendula officinalis) pourra constituer la base huileuse d’un baume hivernal pour les mains irritées par le froid.
Avec moins de 10 ingrédients et en moins de 10 minutes nous pouvons créer des formules de cosmétiques qui nettoient, protègent et maintiennent la santé de la peau tout au long de l’année.
Voici une sélection de 10 ingrédients de base pour la fabrication de cosmétiques :
L’huile d’olive (Olea europaea), qui protège et nourrit la peau, pour les savons saponifiés à froid, les macérats huileux, un liniment, ou une crème.
L’huile de coco (Cocos nucifera), très nourrissante et délicatement parfumée, pour les savons saponifiés à froid, le déodorant, le dentifrice.
La cire d’abeille, épaississant et filmogène, pour les baumes, les cérats, le liniment.
Le bicarbonate de soude, nettoyant et désodorisant, pour le déodorant, le dentifrice, un shampooing sec.
Le gel d’Aloe vera, riche en eau, en vitamines et minéraux, pour une crème, un démaquillant, un après soleil.
L’hydrolat de rose de damas (Rosa damascena), apaisante, purifiante, astringente et tonifiante, pour nettoyer le visage, pour un cérat, une crème. Elle est également appréciée pour son odeur florale légèrement sucrée.
Le marc de café, exfoliant, pour les savons.
L’extrait de romarin (Rosmarinus officinalis), anti-oxydant, pour conserver les préparations huileuses.
L’eau de chaux, saturée d'hydroxyde de calcium, pour la fabrication du liniment.
La soude caustique, pour la saponification à froid.
Dans cette liste, vous noterez l’absence d’huile essentielle. Je les réserve en effet à l’usage thérapeutique. Pour l’hiver, je compose tout de même toujours une huile de massage aromatique que j’ai baptisée Grand froid et que j’applique plusieurs fois par semaine dans le bas du dos, sur la poitrine et les avant-bras. Cette huile de massage contient 2,5% d’huiles essentielles. Je compose mon mélange avec Cinnamomum camphora, Pinus sylvestris, Eucalyptus globulus, Melaleuca alternifolia et Laurus nobile.
Et vous ? Lesquelles choisiriez-vous de mettre dans votre mélange Grand froid ?
Faire ses cosmétiques c’est aussi s’affranchir d’ingrédients au mieux inutiles, au pire toxiques. C’est dire stop aux injonctions du marketing et de la consommation de masse.
Dans tous les cas, faire ses cosmétiques et ses produits de soin c’est reprendre le pouvoir sur ce que nous avons de plus cher : nous-même !
Pour aller plus loin :
Sylvie HAMPIKIAN - Créez vos cosmétiques bio Terre vivante. 2010.
Claudine LUU - Les huiles de fleurs solarisées Dangles Editions. 2013.
Michel FAUCON - Les hydrolats - traité d’aromathérapie scientifique et médicale Sang de la Terre. 2018.
Clara NAUDI, Noémie D’AUXIRON-AMEZ - Mon corps au pays des merveilles Phidias Editions. 2016.
Mona CHOLLET - Sorcières Zones. 2018.