Pour beaucoup, elle arrive à grands pas et commence officiellement au solstice d’hiver, le 22 décembre. Pour d’autres elle est déjà bien là.
Pour beaucoup, elle arrive à grands pas et commence officiellement au solstice d’hiver, le 22 décembre. Pour d’autres elle est déjà bien là.
En effet, selon le taoïsme, philosophie chinoise basée sur l’observation de la nature, les solstices et les équinoxes marquent le milieu des saisons. Ainsi, l’hiver serait là depuis début novembre.
Nous sentons que des choses se passent en nous, suivant les saisons, mais nos vies trépidantes et hyperactives nous détournent de ces sensations pour ne voir que l’urgent, le nécessaire, le je dois, le il faut…
Ainsi nos vies semblent nous échapper, le temps semble s’écouler de plus en plus vite, rythmé non plus par les saisons mais par ces « nécessités » inventées par les hommes.
L’homme moderne s’est peu à peu extrait de son milieu naturel, voulant d’abord s’en affranchir et le contrôler pour la survie, il s’en est éloigné de plus en plus jusqu’à s’en couper.
Mais l’homme ne se serait-il pas perdu au moment où il a perdu le contact avec la nature ?Cette quête effrénée du bonheur ne traduirait-elle pas un grand manque que nous cherchons à combler coûte que coûte quitte même à nuire à notre planète, notre berceau ?
On entend ça et là raconter que nos aïeux avaient la vie plus dure, moins confortable mais étaient plus heureux que nous qui sommes sans cesse en train de courir après des chimères…
Nous avons perdu ce contact avec la nature, nous avons perdu le sens…
Nos aïeux, pour la plupart ruraux, agriculteurs, campagnards, étaient en lien avec la terre, avec la nature et vivaient au fil des saisons. Ponctuée par des fêtes cardinales qui avaient un sens profond que nous avons peu à peu oublié, la vie de nos parents lointains était imprégnée d’un sens profond.
Une compréhension vécue dans la chair du chemin que parcourt tout être dans un mouvement de va et vient, de cycles oscillants entre deux polarités. Ce cycle vécu, chaque jour, chaque année, chaque vie, est l’ordre des choses. C’est une respiration.
À l’aube de la vie, c’est la graine qui germe dans la terre, dans l’ombre. Et le germe se fraie un chemin vers la lumière, c’est la croissance, l’apprentissage du milieu extérieur, le printemps. Les forces de vie s’éveillent, s’activent, la lumière croît, et la chaleur augmente. La plante déploie sa surface foliaire pour avoir non plus l’énergie de ses réserves, mais l’énergie de la lumière, du présent.
Puis vient l’été, c’est la fleur qui donne le fruit, le soleil est à son acmé. Une transformation, une maturation s’opère. C’est l’exubérance, c’est la plénitude. La fleur qui séduit l’insecte pour sa reproduction va laisser la place au fruit qui dirigera désormais énergie de la plante vers l’intérieur, vers la fabrication de réserves.
À l’automne, on récolte et on trie les graines qu’on veut garder pour semer à la saison prochaine. La chaleur et la lumière diminuent, en se tourne davantage vers l’intérieur. Dans nos demeures, et à l’intérieur de nous-même, nous opérons un travail de digestion, de maturation des expériences vécues lors de la saison intense. C’est le temps du retour vers l’inconscient qui n’est pas toujours un temps confortable car nous entrons en contact de notre profondeur.
Puis il y a la saison hivernale où tout ralentit, tout se pose, c’est une mort symbolique qui prépare une renaissance. L’arbre a perdu ses feuilles, il est nu, dans l’attente, il retourne dans ses racines pour maturer la force qui lui permettre de renaître au printemps.
L’homme moderne vit cette saison de façon souvent négative, et il a besoin des lumières de noël, et de cette folie consumériste pour retrouver les siens et se donner du baume au cœur.
La compréhension de l’hiver comme une phase, non pas négative, mais complémentaire à la saison chaude, permet de s’harmoniser et de traverser en conscience cette période qui peut être difficile.
Ce temps était vécu dans la tradition de nos aïeux comme un temps de jachère, de repos de la terre et de repos des hommes, de « non-agir », mais aussi de gestation et de régénération, car l’action se fait quand-même mais à l’intérieur. En vivant l’hiver en conscience, nous renouons avec nos racines nos origine, avec la vie et ses grands cycles mais aussi avec le sens.
Les brumes hivernales se dissiperont à la lumière de notre esprit et de notre introspection. Les labours des terres en hiver nous invitent à faire de même pour notre esprit : enterrer les vieux chaumes, les vieilles racines de la saison passée, afin qu’ils servent de nourriture aux nouvelles graines qu’on voudra faire rejaillir au printemps.
Cette compréhension païenne et traditionnelle de l’enchaînement des saisons nous fait toucher en profondeur, dans notre chair et dans notre esprit, le sens de la mort et le sens de la vie.
Concrètement, comment traverser la saison hivernale ?Chaque saison est associée symboliquement à un élément. En hiver, c’est l’eau. Et la médecine traditionnelle chinoise, nous enseigne que c’est la saison la plus Yin de l’année, les organes associés à l’hiver sont les reins et la vessie.
Il est bien question d’eau ! La fonction principale des reins est de thésauriser. Ils constituent la réserve du corps qu’il faut entretenir et préserver. Si besoin, ils compensent les déficiences des autres organes. La plupart des maladies chroniques évoluent à terme vers une déficience des reins. Il est donc important de les tonifier. L’épuisement progressif du Qi des reins, tout au long de la vie, produit les différentes étapes du vieillissement.
Ce sont les minéraux qui retiennent l’eau dans le corps. Lors de la saison chaude, nous avons transpiré et perdu des minéraux. En hiver, il faut reconstituer nos réserves minérales grâce à des légumes cuits (on évite les aliments froids), des bouillons de légumes de saison, aux ragoûts de légumes-racines ainsi qu’aux aliments naturellement salés : poissons, fruits de mer, viande séchée ou fumée, soja, légumineuses, sans pour autant rajouter du sel à tous vos plats. On fera attention plus particulièrement au sucre en hiver car, sans entrer dans les détails, cette saveur sucrée est associée à la terre (rate pancréas) qui « contrôle » la vessie et les reins.
Bien sûr, nos vies nous enjoignent à ne pas forcément respecter le rythme des saisons et notamment en janvier où on veut prendre de bonnes résolutions, mais c’est la saison où il vous faut profiter de tout ce qui est chaud, intérieur et calme : la maison, le lit, les activités paisibles, on se couche tôt et on se lève tard en attendant les rayons du soleil.
Tout ceci afin de préserver notre énergie de réserve et de progressivement relancer nos activités avec le retour du printemps où la nature s’éveille et se met en mouvement.
Article rédigé par Olivier BON
Naturopathe
Formateur en Physiologie et homéostasie, Botanique et Naturopathie
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