Syndrome médicalement appelé colopathie fonctionnelle.
I- Qu’est-ce que le syndrome du côlon irritable ?Médicalement, on l’appelle colopathie fonctionnelle. Syndrome du côlon irritable est la désignation commune. Parfois on peut lire : syndrome de l’intestin irritable (SII).
Il se manifeste par des douleurs abdominales, brûlures, sensation de malaise, d’inconfort. Le transit est perturbé et variable (trop lent ou trop rapide). Souvent accompagné d’une sensation de fatigue et de troubles du sommeil.
C’est un syndrome très courant qui touche en moyenne selon l’assurance maladie 5% de la population et plus particulièrement les femmes (2 fois plus en moyenne mais on ne sait pas si ce chiffre est lié au fait que les hommes sont moins exposés ou si ils consultent simplement moins à ce sujet). D’autres sources parlent cependant plus couramment de 10 à 20% de la population des pays occidentaux.
Le diagnostique est souvent fait entre 30 et 40 ans et concerne de 30 à 50% des consultations auprès d’un gastroentérologue.
Très handicapant physiquement et socialement car il devient couramment chronique ce syndrome est cependant sans gravité.
Il n’est pas classé comme maladie car on n’observe aucune lésion clinique.
Le problème aujourd’hui c’est qu’il est mal connu et il prend une forme différente selon les patients.
II- SymptômesPrincipaux et récurrents :
- Douleurs (crampes abdominales, brûlures…) +++
- Transit perturbé souvent en alternance : diarrhée, constipation +++
- Ballonnement, flatulences, borborygmes… +++
- Sensation générale d’inconfort +++
Secondaires :
- Fatigue ++
- Troubles du sommeil ++
- Maux de tête ++
- Lombalgies ++
- Perte de poids +
- Mauvaise haleine +
- Nausées +
- Troubles urinaires +
En cas de cas de pertes de poids excessives, anémie, sang dans les selles, fièvre… Il est indispensable de procéder à des examens complémentaires pour ne pas passer à côté d’autres pathologies plus graves comme la maladie de Crohn, la rectocolite hémorragique…
D’autres pathologies peuvent être couramment associées au syndrome du côlon irritable comme :
- La fibromyalgie
- Le syndrome de fatigue chronique
- La cystite interstitielle
- La dyspepsie…
Ces pathologies à forte dimension psychosomatique supposée peuvent donner des pistes sur les causes et facteurs de risque possibles :
III- Origines, causes et facteurs de risquesLa médecine ne s’accorde pas vraiment aujourd’hui pour déterminer de manière ferme l’origine du syndrome du côlon irritable. Bien que très répandu (jusqu’à une personne sur 5 tout de même), ce syndrome reste peu documenté et étudié sans doute du fait qu’il est considéré comme parfaitement bénin.
Seule une étude menée sur 399 infirmiers aux états unis met en avant l’augmentation sensible du risque de contracter ce syndrome lorsque les rythmes de sommeil sont irréguliers (travail de jour puis travail de nuit).
Selon Vidal, les causes probables identifiées (par expérience des professionnels de santé) seraient :
- Le stress chronique
- La fatigue
- L’anxiété
Ces trois facteurs augmentent de manière certaine l’intensité et la fréquence de ce syndrome sans pour autant l’expliquer entièrement.
- L’alimentation avec l’identification de certains aliments à facteur de risque (gluten, lactose, crudités…)
On a également observé que la colopathie fonctionnelle pouvait se déclencher consécutivement à une infection intestinale aigue. On peut en déduire alors 2 facteurs de risque possibles que l’on retrouve dans beaucoup de publications :
- Un microbiote intestinal perturbé
- Une muqueuse intestinale hypersensible
Pour certains professionnels de santé à qui j’ai parlé, la colopathie fonctionnelle pourrait être liée également à une carence en sérotonine. En effet, la prise d’antidépresseurs sérotoninergiques aurait un effet atténuant voir suppresseur certain chez beaucoup de patients.
IV- Que propose-t-on en médecine conventionnelle et résultats courants ?Même la médecine conventionnelle pourtant frileuse sur la prise en considération de l’aspect psychosomatique des troubles physiques en général s’accorde dans ce cas pour préconiser en premier plan (selon VIDAL) :
- Du repos
- De la relaxation
- De la psychothérapie
- Des rythmes de sommeil réguliers
- De l’activité légère et régulière plutôt relaxante telle que la marche à pied en nature…
Elle préconise également de suivre un journal de son alimentation et les troubles potentiels consécutifs à leur prise afin de déterminer et éliminer les aliments à facteur aggravant.
D’un point de vue médicamenteux elle recommande selon les cas :
- Laxatifs de lest ou osmotiques (Psylia, Spagulax, Macrogol, Lactulose,…)
- Ralentisseurs du transit (Imodium, Arestal, …)
- Antispasmodiques (Spasfon, Meteospasmyl, Trimebutine…)
- Tranquillisants (Paroxétine, Alprazolam, Xanax, Stresam…)
- Antidépresseurs (Paroxétine, Fluoxétine…)
Un traitement uniquement médicamenteux conventionnel a des effets plus ou moins marqués sur l’apaisement des symptômes et les risques associés aux effets secondaires et l’installation du problème dans le temps car la cause n’est alors pas traitée.
V- Proposition de traitement en aromathérapie selon les symptômes- Douleurs (crampes abdominales, brûlures…) : Huiles essentielles antispasmodiques en interne et externe telles que : Ocimum basilicum ssp basilicum, Artemisia dracunculus, Lavandula angustifolia…
- Transit perturbé souvent en alternance (diarrhée, constipation) En interne / externe : Huiles essentielles de Lavandula angustifolia, Ocimum basilicum ssp basilicum, Zingiber officinalis, Coriandrum sativum fruit pour la constipation. Une diarrhée non infectieuse ne se traite pas spécifiquement avec les HE. Autrement : HE carminatives
- Ballonnement, flatulences, borborygmes : En interne / externe : Ocimum basilicum ssp basilicum, Zingiber officinalis, Angelica archangelica, Elettaria cardamomum
- Fatigue : Externe : Pinus ponderosa, Zingiber officinalis, Piper nigrum (qui aura également une action sur la production de sérotonine au niveau intestinal)
- Troubles du sommeil : Externe et diffusion : Lavandula angustifolia, Citrus aurantium amara feuille, Humulus lupulus, Nardostachys jatamansi
- Maux de tête : En interne / externe : Mentha piperita, Lavandula angustifolia
- Lombalgies : Externe : Corymbia citriodora, Gaultheria fragrantissima, Rosmarinus officinalis ct borneone
- Mauvaise haleine : Une goutte sublinguale : Apium graveolens, Mentha piperita, Coriandrum sativum
- Nausées : Olfaction et sublinguale : Ocimum basilicum ssp basilicum, Mentha pieprita, Citrus limonum
Exemple de formule en interne : 2ml Mentha piperita : anti-inflammatoire intestinale et antalgique. Cholagogue et cholérétique
2ml Elettaria cardamomum : antispasmodique, carminative, eupeptique en général
2ml Zingiber officinalis : Eupeptique carminative, Antispasmodique
2ml Ocimum basilicum ssp basilicum : Antispasmodique, tonique hépatique, Calmante, relaxante, défatiguante
2ml Coriandrum sativum fruit : Antispasmodique, Analgésique digestif, Décongestionnant
1 goutte du mélange 6 fois/jour avant chaque repas et entre chaque repas en sublingual ou diluée dans du solubol dans un verre d’eau.
Exemple de formule en externe : 2ml Zingiber officinalis : Antispasmodique décongestionnant digestif
3ml Ocimum basilicum ssp basilicum : Antispasmodique
5 ml Lavandula angustifolia : Antispasmodique anti-inflammatoire, équilibrant du système nerveux
90ml HV Macadamia
Une noix en onction sur le ventre et le bas du dos 3 fois par jour.
Exemple de formule en diffusion et olfaction :5ml Lavandula angustifolia : Equilibrante nerveuse
3ml Citrus aurantium amara feuille : Relaxante, apaisante
2ml Elettaria cardamomum : Antispasmodique neuromusculaire, anxiolytique
En diffusion matin et soir et en olfaction en cas de stress la journée.
VI- Proposition de traitement en hydrolathérapieL’hydrolathérapie, branche de l’aromathérapie, est très intéressante dans le traitement du syndrome du côlon irritable car non seulement elle agit sur les symptômes mais en plus elle agit sur le rééquilibrage du terrain du fait de sa nature elle-même (thérapie physique, énergétique, émotionnelle : molécules aromatiques et hydrosolubles dans eau informée) et de son protocole qui se fait sur la durée. L’approche émotionnelle est d’autant plus intéressante que, dans la médecine du sens, le colon et les matières nous parlent de contrôle (hypercontrôle), d’émotions, de croyances : Qu’est ce que je veux garder pour moi ? Quelles croyances, quelles émotions ?
Exemple de formule d’hydrolathérapie pour le traitement de la colopathie fonctionnelle :100ml Pimpinella anisum : Carminatif, décongestionnant, cholagogue et cholérétique
100 ml Angelica archangelica : Antispasmodique, anti-inflammatoire, tonique général, équilibrant nerveux. Apporte confiance et apaise les peurs.
100 ml Chamaemelum nobile : Calmant, apaisant et anti-inflammatoire spécifique de l’intestin. Contribue à apporter la paix envers soi même.
100 ml Zingiber officinalis : Tonique général. Antalgique, anti-inflammatoire et antispasmodique spécifique du tube digestif. Aide à dissiper l’insécurité.
100 ml Lavandula angustifolia : Agit contre l’acidité gastrique, Antalgique et antispasmodique. Relaxant général. Apaise le Pitta en ayurvéda ce qui diminue le feu digestif.
Mélanger les hydrolats dans un flacon de 500ml. Verser 1 cuillérée à soupe par jour dans une bouteille d’eau d’un litre et demi (donner un mouvement de vortex pour mélanger) et boire tout au long de la journée. Renouveler jusqu’à la fin du flacon de 500ml.
Attention ! Toute formule en hydrolathérapie doit se faire de manière parfaitement adaptée à l’histoire du patient.
VII- Zoom sur une étude clinique portant sur le soin du syndrome du côlon irritable en aromathérapieUne étude clinique italienne menée en 2007 par les chercheurs de Capello et al. sur une sélection de 50 personnes souffrant de colopathie fonctionnelle (avec exclusion de toute autre pathologie) que l’on a séparé en 2 groupes tests :
- Un groupe placebo de 26 personnes qui prenaient des gélules de maltodextrine aromatisée à la menthe mais sans huile essentielle
- Un groupe Huile essentielle de 24 personnes qui prenaient des gélules gastrorésistantes contenant 225mg (équivalent à environ 5 gouttes) d’huile essentielle de Mentha piperita et 45mg de Natrasorb (amidon qui fixe les HE)
Le protocole s’étendait sur quatre semaines avec deux prises dans la journée une heure avant les repas.
Les symptômes étudiés étaient multiples tels que : ballonnement, douleur abdominale, diarrhée, constipation, urgence des selles…
Au terme de ces quatre semaines, il en ressortait clairement que la prise d’huile essentielle de Menthe poivrée améliorait de manière sensible les désagréments associés au syndrome du colon irritable.
Cela s’explique probablement du fait des propriétés antalgique, analgésique, antispasmodique, anti-inflammatoire de la menthe poivrée
VIII- Les soins complémentaires et règles d’hygiène de vie à apporter dans le syndrome du côlon irritable- D’emblée une parfaite hydratation (idéale du coup avec les hydrolats)
- La prise de probiotiques adaptés s’est souvent montrée efficace dans la prise en charge de ce syndrome
- Un sommeil suffisant et régulier est la base de traitement de tout syndrome
- Le repos : nombre de patients souffrant de colopathie fonctionnelle ont vu leurs symptômes diminuer suite à des congés reposants
- Relaxation : méditation, sophrologie, yoga… sont autant de pistes majeures dans la prise en charge de ce syndrome à forte dimension psychosomatique
- Réflexologie : de très bons résultats avec cette approche en complément d’un traitement de fond
- Eviter les aliments pro inflammatoires, irritants, excitants
- Gel d’aloe vera pour la cicatrisation (attention en cas de diarrhées cependant)
- Argilothérapie
- Activité physique douce et régulière qui outre son effet bénéfique sur le stress chronique entraine un meilleur fonctionnement du système digestif.
IX- Mon expérience personnelle dans le syndrome du côlon irritableTout à commencé par une prostatite infectieuse aigue en 2016 avec une PSA dramatique. Soignée par aromathérapie et antibiothérapie (je regrette la difficulté aujourd’hui de faire facilement et rapidement un aromatogramme en France et je compte y remédier dans l’avenir).
Suite à cela jusqu’à fin 2016 j’ai été très fatigué sans prise de repos réelle.
En 2017 ont commencé des douleurs ponctuelles au ventre accompagnées de fatigues intenses et invalidantes avec vertiges. Mon médecin (ouvert et adorable mais pas phytothérapeute pour un sou) m’a envoyé faire une batterie de tests : échographies, bilans sanguins divers et variés : rien, j’étais en excellente santé aux yeux de la médecine conventionnelle. Les douleurs allaient augmentant au fil des semaines : brûlures, ballonnements, pincement à divers endroits de l’abdomen et allant même jusqu’à remonter au niveau thoracique. Elles me laissaient plutôt tranquille la nuit cependant.
Le tout était accompagné d’alternance entre constipation et diarrhées mais également parfois de transit normal sans pour autant que les douleurs ne cessent.
Etant dans le domaine de la santé, j’avais moi-même dès le début suspecté le syndrome du colon irritable (très vite confirmé par mon médecin) mais l’intensité parfois des symptômes et surtout l’immense fatigue incapacitante qui me prenait souvent m’inquiétaient beaucoup : un simple syndrome bénin ne pouvait pas être aussi handicapant !
Et pourtant …
Ayant une activité professionnelle très intense avec de nombreuses responsabilités, je ne pouvais laisser un tel problème de santé me gâcher la vie… J’ai commencé de multiples approches pour traiter le problème :
- Réadaptation alimentaire avec arrêt du gluten sur 1 mois et demi : aucun résultat
- Idem avec le lait : aucun résultat
- Idem avec l’arrêt des fibres : aucun résultat
- Idem avec augmentation des fibres : aucun résultat (mon compagnon commençait à me détester avec toutes mes lubies alimentaires)
- Cure de probiotiques adaptés (prescrits par le médecin puis d’autres trouvés moi-même après recherches) : aucun résultat
- Prise de phytothérapie via tisanes, huiles essentielles et autres extraits secs… : aucun résultat
- Méditation : impossible à pratiquer dans mon état malgré ma persévérance
- Activité sportive douce : bénéfique mais pas d’arrêt du syndrome
- Allopathie (tant qu’on y est !) avec traitements vus plus haut hors antidépresseurs : aucun résultat (et plein d’effets secondaires encore plus invalidants) un médecin m’a même prescrit du Tramadol une fois en me précisant que c’était un peu plus fort que le paracétamol… En effet c’est plus fort ! C’est un dérivé d’opiacées hautement addictif. Cela-dit avec ça : plus de douleurs…
Bref … Tout s’est arrêté lorsque, décidé à prendre le taureau par les cornes, j’ai pris une semaine de congés durant laquelle, au cours de recherches, je suis tombé sur l’étude portant sur la Menthe poivrée et le syndrome du colon irritable. Je me suis fait une formule avec des gélules (non gastrorésistantes car je n’en avais pas) où j’ai intégré notamment 3 gouttes (et non 5 car je trouvais cela trop concentré) d’huile essentielle de Menthe poivrée avec d’autres huiles essentielles vues plus haut. J’ai complété avec une hydrolathérapie dans le genre de celle dont je parle plus haut aussi.
Depuis le syndrome ne s’est plus manifesté ou presque. Les rares fois où il remontre le bout de son nez je l’envoi sentir la menthe poivrée à forte dose et prend un peu de repos et tout s’apaise dans la foulée…
Il est à noter que je suis moi-même le premier surpris de ne constater aucun effet secondaire ou autre irritation avec la prise de menthe poivrée à de telles doses (normalement avec la menthe poivrée, c’est à la goutte près) mais le fait est que je tolère très bien ce traitement. Attention, je ne le conseillerais pas comme une panacée à prendre par n’importe qui et il est indispensable de consulter un spécialiste qui conseillera un traitement adapté au cas particulier de chacun.
X- ConclusionAprès consultation avec un médecin et élimination de toute autre pathologie possible, le syndrome du colon irritable est potentiellement assez simple à traiter… Et paradoxalement très compliqué. Car il ramène à soi et notre rapport à la vie et notre façon de la mener. La cause de la cause de ce syndrome est, à mon sens, purement psychosomatique. Mais attention, la dimension psychosomatique n’implique pas l’absence de trouble ou même de gravité. L’intensité des douleurs qui peuvent être ressenties, l’aspect incapacitant de la fatigue qui prend parfois sont très handicapants professionnellement et socialement dans la vie de tous les jours.
Agir de manière efficace et durable sur le syndrome du colon irritable c’est chercher à comprendre ce que celui-ci nous dit. Pour ma part, il suffisait d’écouter mon corps. Un peu de repos, prendre conscience que j’en faisais trop et/ou que j’en portais trop. Tout simplement prendre soin de moi de manière active (et non simplement en me laissant bringuebaler d’un expert à un autre, de services en services, en ingérant de manière docile des produits inadaptés) et finalement trouver l’huile essentielle (pourtant évidente pour moi) qui a agi en complément du repos. Les cordonniers sont souvent les plus mal chaussés n’est-ce pas.
L’aromathérapie n’est pas la panacée concernant le syndrome du colon irritable mais en complément d’une démarche de retour à soi, de respect de soi, elle peut grandement et durablement aider.
Il appartient bien évidemment à chacun de trouver la forme de soin qui lui convient. L’approche adaptée à son individualité.
XI- Sources - Peppermint oil (Mintoil®) in the treatment of irritable bowel syndrome: A prospective double blind placebo-controlled randomized trial. Digestive and Liver Disease 39 (2007) 530–536, par Cappello G., Spezzaferro M., Grossi L., Manzoli L., Marzio L.
- Vidal
- Améli (Assurance maladie)
- Cours de Myrtéa formations (et Aromathèque en ligne)
- Expérience personnelle
- Témoignages
Article rédigé par Jody ELLEAUME
à l'occasion du Congrès des Herboristes 2018 à Bayonne
Formateur en Aromathérapie et coordinateur des formations
04 73 87 03 23
http://www.myrtea-formations.com/